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Argh, la mammo

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La mammo. La mammo, si tu as des raisons de te faire du mouron, genre antécédent familial de crabe désobligeant ou quadragénie galopante, c’est tous les deux ans. Bizarre comme ces deux années-là filent vite. Presque aussi vite que l’année qui s’écoule entre deux visites de contrôle chez le dentiste. Beaucoup plus en tout cas que les deux mois qui séparent deux rendez-vous chez le coiffeur. C’est là que tu découvres par toi-même que tout est relatif, comme disait Albert en substance et en allemand (ou alors in English, but avec un fort accent teuton), dans une fameuse théorie qui jusqu’ici t’avait seulement parue fumeuse.
« Prendre RV mammo », c’était dans mon agenda à la date du 4 janvier.
Objectivement, t’as pas plus de raison d’avoir un cancer du sein le 4 que le 2, pourtant subitement ya comme une petite envie de reculer qui monte. Juste au cas où.
C’est tout le paradoxe de la prévention. La mammo, c’est pour que si, par merdouille, tu avais un crustacé du nichon, on le découvre à temps pour te donner le max de chances d’avoir la vie – et peut-être même la glande mammaire – sauve. Mais une partie de toi – pas la plus rationnelle, reconnais-le – a l’impression que, quand tu ne t’occupes pas de ces histoires de fruits de mer, elles n’existent pas. Et pourtant si. Donc, tu y vas. Tu finis par y aller. Rationnellement.

Etau de crêpification mammaire

Je t’ai déjà expliqué mon aversion pour les films qui font peur ou pleurer. Pour moi, la vie réelle offre suffisamment d’occases d’être triste ou terrifié.
un sein et un doigt dedans
Bon. Je suis quand même allée à la mammo. J’ai progressé : je ne tombe plus dans les pommes en avisant l’étau de crêpification mammaire dans lequel on te galette-au-sarrasine les seins horizontalement puis verticalement. J’ai encore un peu de mal avec le suspense supplémentaire du « Vu la mammo, on va devoir faire une petite échographie de contrôle »… (J’ai les seins « denses », paraît-il. Prends-le comme tu veux, en matière de diagnostic fruit de mer, ce n’est pas un compliment.)
Bon. J’étais parvenue à quasi me montrer urbaine avec le gars qui m’avait collé du gluant d’échographie plein les roploplos – « Vous avez vu l’expo Hopper ? – histoire qu’il oublie que je transpirais sous les bras comme une vache terrifiée. « Vous pouvez vous rhabiller », allélouille-t-il. Vingt dieux, pour deux ans encore j’échappe au cauchemar, je n’ose même pas penser à mes potesses qui l’ont vécu, ou à celles avec antécédents familiaux, je suis vraiment une poule mouillée, je sais.
Hein ? Le revoilà ! « Redéshabillez-vous, je viens de voir un truc qui y était pas la dernière fois. » Alors là, fini Hopper, juste l’horreur qui prend forme, sur la pointe des pieds. Je veux sortir de la salle, je déteste les films d’épouvante j’ai dit !
Ça dure trois minutes, cinq peut-être.
Ya rien.
C’est des rois du suspense, les mammologues.
Plus jamais je vais voir autre chose qu’un Disney.
Et toi, tu l’aimes, la mammo, habitante du siècle n° 21 ? On y va en groupe, la prochaine fois ? En janvier 2018 ? S’te plaît ?

© Muriel Gilbert


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